L'étranger se promenait dans les rues de la petite ville de Vernes. Elle semblait vide. Il n'avait rencontré personne depuis la demi-heure qu'il marchait. Il arriva bientôt près d'une sorte de square établi sur la pointe d'une falaise abrupte qui plongeait dans la mer. Assis sur un banc rongé par l'air salin, il y avait un vieux qui regardait avec lassitude les vagues se déchaîner contre les rochers, écumer de rage et recommencer de plus belle. L'étranger s'approcha et entra dans le square. Un vent violent et fort le prit à la figure. Il maintint sur ses oreilles le chapeau et les lunettes noires qui cachaient son visage. A quelques mètres du vieux et son banc, il remarqua une croix blanche au pied de laquelle un bouquet de fleurs fanées était posé. Il avança de quelques pas pour distinguer plus distinctement le texte de ce qui devait être une plaque mortuaire. Son visage changea d'expression lorsqu'il lut : «Ici est mort un imbécile.»
«Cela vous surprend tant que cela ?... Ne restez pas là ainsi... Venez ici...»
L'étranger se retourna. La voix éraillée du vieillard lui avait semblé si ironique, si peu à propos, qu'elle l'avait tiré de sa torpeur première. Enfin, il finit par répondre avec calme :
«Il y a de quoi être stupéfait, vous ne pensez pas ? Un mort reste un un mort et ne mérite, quelque il soit, selon moi, le titre si humiliant d'imbécile...
-Vous ne connaissez donc pas l'histoire de l'imbécile de Vernes ?...
-Non, j'aimerais pourtant bien la connaître pour m'expliquer le ridicule dont on a couvert cette tombe en posant cette plaque. Là savez-vous, vous, l'histoire ?
-Bien sûr, et je la connais assez bien pour pouvoir, s'il vous plaît de vous asseoir quelque temps à mes côtés, vous la raconter.
(à suivre)
jeudi 21 décembre 2006
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